L'équipe du musée d'histoire de Marseille nous propose cette soirée animée par Frédéric Leroy, archéologue au DRASSM (Département des Recherche Archéologiques Subaquatiques et Sous-Marines).
Conférence programmée dans le cadre des mardis de l'Histoire, en lien avec l’exposition "Mémoire à la mer. Plongée au cœur de l'archéologie sous-marine" (28 avril 2016 - 28 mai 2017).

Article "Sur les traces des Mézois de l’Âge du Bronze", le Midi Libre

Des archéologues travaillent sur les vestiges d'un petit village agropastoral daté entre 1200 et 800 avant notre ère, immergé sous trois mètres d'eau.
Voilà belle lurette que le site a été recensé, puisque dès 1997, Louri Bermond puis Daniel Rouquette, deux figures de l'archéologie languedocienne, l'avaient déclaré aux Affaires maritimes, après avoir découvert des tessons de céramiques sur les rives de l'étang. En 1998, une expertise en avait confirmé l'intérêt : une nouvelle campagne avait permis de mettre au jour des pieux, éléments de structures (d'habitats) de ce qui était vraisemblablement un petit village agropastoral, daté entre 1 200 et 800 ans avant notre ère, soit l'Âge de Bronze final.
Contemporain des habitats mis au jour à Montpénèdre
Nous sommes à Mèze, non loin de la station de lagunage, sur le site dit de La Conque, à une centaine de mètres du rivage. Non loin de là où (plus à l'ouest, vers Marseillan), en 1976, l'habitat protohistorique dit de Montpénèdre (1 100 ans avant notre ère) avait été mis au jour.
Et si les archéologues du Drassm (département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines, basé à Marseille) sont de retour sur zone, c'est, comme le précise Frédéric Leroy (adjoint au directeur pour l'archéologie préventive et programmée), parce que "nous travaillons sur le lien entre les tessons de céramiques, le mobilier trouvé sur place et les éléments de structure des bâtiments, de façon à élaborer une échelle de référence pour le sud de la France". Mais aussi et surtout parce que "l'an dernier, nous nous sommes rendu compte que les pieux (des pilotis) s'érodaient, attaqués par les tarets, les oursins, les escargots. Et que si nous ne prélevions pas au plus vite, nous allions perdre des éléments."
Des moules de 15 cm de long pour brasucades géantes…
Que sait-on, pour l'heure, de ces "pré-Mézois", des hommes qui vivaient là il y a 3 000 ans ? Que leur village n'était jadis pas immergé, bien sûr, mais certainement bâti en partie sur pilotis (il y aurait des centaines de poteaux porteurs de 18 à 25 cm), en partie sur la terre ferme.
Que leur "agglomération" comprenait - "c'est une certitude", assure l'archéologue -, plusieurs maisons. Que ces hommes, sédentaires, pratiquaient la culture et l'élevage (de nombreux ossements d'ovins et de bovins contemporains des structures d'habitats ont été mis au jour). Et "qu'ils étaient forcément pêcheurs", souligne Frédéric Leroy, et consommateurs de poissons et de coquillages : "On a retrouvé dans les niveaux des moules de 15 cm de long !" Sacrées brasucades, donc. On se souvient que, vers Montpénèdre, des fouilles avaient permis d'exhumer des mâchoires de daurades pouvant mesurer 60 cm de long.
On sait aussi - une lapalissade pour les archéologues (puisque nous nous situons 500 ans avant la création des comptoirs grecs, tels Agde) -, que ces Languedociens du Bronze final n'étaient pas vêtus de peaux de bêtes, qu'ils pratiquaient "un artisanat spécialisé", qu'ils disposaient d'outils en bronze (d'une telle valeur à l'époque qu'ils ne jonchent généralement pas les sites de fouilles). "Leur profil est presque celui de paysans médiévaux", ajoute Frédéric Leroy. On sait enfin que ces populations étaient sous les influences croisées des populations qui circulaient sur tout le littoral, par cabotage, diffusant techniques et produits.
Du 1er au 5 juin prochain, d'autres journées de fouilles permettront aux archéologues de recueillir de nouveaux éléments. Voire, peut-être, de savoir si ces pré-Mézois là possédaient leurs propres embarcations. Auquel cas elles ne devraient toutefois pas être accompagnées de lances et de pavois…
 
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