"Qui tient le Frioul tient Marseille" : Les défenses de la rade de
Marseille (XVIe-XIXe), conférence de la Marine Nationale
Ces conférences sont organisées au bénéfice des Officiers d’Active et de Réserve de la région.
La conférence sera 15 mn avant l'heure suggérée.
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Par Nicolas Faucherre, professeur d’histoire de l’art et d’archéologie du Moyen Age à l’Université d’Aix-Marseille.
Archéologue et historien de la fortification. Chercheur au Musée des plans-reliefs (en 1989), maître de conférences en histoire et archéologie médiévale à l'Université de La Rochelle (en 2002). Professeur d'histoire de l'art à l'Université de Nantes, directeur de l'équipe de castellologie du Centre d'études médiévales de Poitiers et expert scientifique auprès du Réseau des sites majeurs de Vauban (en 2007).
Le mot du Commandant de la Marine à Marseille :
De l'érection sous François Ier du château d'If et du bastion de la Vigie, tout en haut de la colline de la Garde – premier manifeste de la construction des frontières de l’Etat en France –, jusqu'au chapelet de forts et de batteries standardisés qui, aux XIXe et XXe siècles, ont émaillé les côtes marseillaises – des réduits-modèle 1846 aux blockhaus de l’organisation Todt, dans le cadre du SudWall à partir de 1943 –, le littoral et les îles de la rade de Marseille sont devenus, au fil des siècle, un conservatoire unique, et souvent méconnu, d'architecture militaire. Réalisés dans l’attente d’un ennemi venant de la mer, ces ouvrages défensifs constituent un étonnant patrimoine, qui est en partie devenu public depuis la vente de l’archipel du Frioul à la ville en 1970. L'histoire de ces dizaines de construction est d'abord celle d'un effort soutenu de défense d'un port d'importance capitale, depuis des siècles, pour l'économie du pays. A partir d'une archéologie des sièges, elles nous racontent, sur plus de quatre siècles, l’escalade technique de la lutte de la cuirasse contre un projectile toujours plus performant. Elles nous invitent aussi à réfléchir sur un patrimoine unique, encore mal connu. Afin de ne pas le protéger l’aveugle, il nous faut rapidement l'inventorier de façon exhaustive tant les disparitions sans conscience se multiplient aujourd’hui.
C'est cette histoire multiséculaire d'un effort pour défendre nos côtes et nos abords que je vous propose. J’espère que vous viendrez nombreux à cette conférence qui fait ressurgir une histoire militaire dont la mémoire tend à s'effacer dans notre ville, alors que la défense de nos approches maritimes, toujours d'actualité, passe désormais par d'autres moyens.
Forts et batteries de la rade de Marseille, des pôles en devenir du territoire communal (par Nicolas Faucherre)
Les batteries dans la rade de Marseille ont fait l’objet d’un travail commun avec les étudiants du Master professionnel sur la valorisation des patrimoines. Cette étude s’inscrit dans une politique de protection du patrimoine militaire (rade de Toulon) et notamment du début de protection du mur sud de l’Atlantique. Se pose le problème de la protection de ses sites. Est-ce que l’on protège des lieux de mémoire à la manière des plages du débarquement ? Est-ce que l’on protège des objets patrimoniaux ? On a essayé de protéger au titre des Monuments historiques les bases sous-marines du Reich. Au terme d’un inventaire assez lourd, l’Etat n’a protégé que la base de Lorient des sept existantes sur la façade atlantique. Aujourd’hui se pose le problème de quelle transmission ? Que doit-on valoriser ?
Les îles du Frioul protègent la rade de Marseille. C’est la seule passe de navigation possible pour accéder au Vieux-Port. Cette situation explique que l’on y fixe très tôt les quarantaines et, au-delà de cet aspect sanitaire, que l’aspect militaire va prévaloir. Dès le XVIIème siècle, on va jalonner toute la côte avec des batteries qui empêchent tous débarquements possibles. En verrouillant les îles, on tient le commerce de navigation.
On a trois forts patrimonialisés à Marseille mais pour lesquels, comme souvent à Marseille, le mythe l’emporte sur la réalité. Le château d’If n’est pas visité comme le premier manifeste de l’Etat en France (c’est le début du contrôle de l’Etat sur ces frontières) mais on le montre essentiellement comme le cachot d’Edmond Dantès. Le château d’If est pourtant un objet militaire fascinant à la fois création par l’Etat moderne d’un contrôle des îles et en même temps résidence de l’amiral des galères qui va enfin résoudre le problème du cabotage barbaresque sur les côtes. On avait également plusieurs objets patrimoniaux intéressants avec le poste de commande de tir allemand sur la grosse tour (rasé à la fin de la guerre).
Notre-Dame de la Garde est également un objet patrimonial exceptionnel, le premier bastion de l’Europe occidentale, or c’est la Bonne Mère qui l’emporte très largement sur ce discours patrimonial.
Même chose avec les deux citadelles à l’entrée du port de Marseille et l’Arsenal des galères qui témoignent de la mise au pas de la ville par les pouvoirs bourbons. Le fort Saint-Jean est aujourd’hui terriblement absent d’un discours du MUCEM et plus encore la chapelle hospitalière. Au fort Saint-Nicolas, l’avancée circulaire accueille un pôle d’insertion. Quant à l’intérieur du fort, il est depuis le 1er janvier propriété de la ville de Marseille mais son devenir n’est pas encore fixé (boite de nuit ?). Tout ça pour dire que les objets forts à Marseille ne sont pas vendus comme tels.
Quels statuts sur ces objets sachant qu’on est à partir du XIXème siècle dans une standardisation absolue des modèles ? La tour modèle 1846 (cinq exemplaires en rade de Marseille et plus de 250 construites à l’échelle de l’empire colonial français) est un objet répétitif. Quelle politique de protection si ça ne passe pas par un inventaire préalable pour identifier lequel est le mieux conservé, lequel se trouve dans un environnement de qualité ? De même pour les bunkers qui sont des blocs de béton complètement standardisés. Est-ce qu’on protège tel bunker plutôt que tel autre ou, parce que ces bunkers sont des chapelets intercroisant leurs feux, c’est l’ensemble du dispositif qui doit être protégé ? Si oui, lequel choisir entre la rade de Toulon et celle de Marseille ? Mais avant cela, est-ce du patrimoine ? Patrimoine européen qui plus est car nous lie aux autres pays d’Europe ? Est-ce qu’il renvoie à une culture scientifique et technique qui est aussi une affaire patrimoniale ?
L’organisation Todt a couvert l’intégralité du territoire marseillais de batteries. Que reste-t-il de ce patrimoine ? Certaines ont été détruites mais plusieurs demeurent le long de la côte de la Pointe Rouge jusqu’aux Goudes, puis disséminées dans les calanques où l’on a encore un ensemble de petits patrimoines de qualité du XVIIème au XIXème siècle. Les graffitis dans les bunkers témoignent des temps d’attente de l’artillerie.
L’archipel du Frioul est admirablement documenté à partir de la fin du XVIème siècle par des plans qui sont conservés à Bologne (îles réquisitionnées par les Florentins entre 1591 et 1597). Ces relevés topographiques exceptionnels permettent de connaître les implantations à l’époque. La batterie de Cavaux (1886) pose le problème de la conservation d’un objet d’une telle ampleur et d’un objet qui est atteint de telles pathologies. Les îles ont été acquises par la ville en 70, la totalité de l’armement allemand était en place. Tout a malheureusement été retiré à partir de 1974. On a toujours la trace des transformations allemandes mais aussi celles des coups de pique des sapeurs allemands qui ont essayé de casser le béton pour répondre aux tirs venus des Calanques. On a tous les états d’abandon et les brèches. On a aussi les traces des coups portés par l’artillerie américaine tirés depuis les destroyers du large et ceux portés depuis les Calanques. C’est un rarissime exemple d’archéologie de la crise, de la brèche, du tir (sorte d’instantané fascinant). Se pose la question de comment pérenniser la brèche, la maladie, la pathologie ? Comment arrêter le temps ? C’est un peu le problème qui se pose à Oradour-sur-Glane où la voiture du médecin passée au lance-flamme par la Panzerdivision de la Reich est régulièrement remplacée car elle rouille.
Aujourd’hui on rase ces objets au fur et à mesure qu’ils s’effritent. Alors comment protéger ces batteries ? Est-ce que ça a un sens ? Est-ce qu’on peut y arrêter le temps de l’impact, le temps de la guerre, stabiliser la ruine ? C’est évidemment le pari d’une politique de protection pour les batteries de Marseille.
Marseille 7ème, Le Pharo
Conférence, débat, assemblée
Heure de début : 18h45
Heure de fin : 23h00
Public : Pour 20 adhérents seulement
Statut requis : Membres
Gratuite
Gestionnaire : Marine Nationale Animateur : Nicolas Faucherre, professeur d'archéologie et d'histoire
Localisation
Hémicycle de Marseille-Provence MétropoleCommunauté Urbaine, Parc du Pharo
58 bd Charles Livon 13007 Marseille
(bâtiment à droite en rentrant dans le parc)
Bus 81 82 82S 83, arrêt Le Pharo
Stationnement : Parking Eiffage, en face du Pharo
Marseille (XVIe-XIXe), conférence de la Marine Nationale
Liste des participants
Début de la sortie : Jeudi 27 novembre 2014 - 18h45
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Marseille (XVIe-XIXe), conférence de la Marine Nationale
Forum d'échange
Début de la sortie : Jeudi 27 novembre 2014 - 18h45
La conférence sera 15 mn avant l'heure suggérée.
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