Balade culturelle et artistique avec Sylvie autour du Péano et de la Place
d’Estienne d’Orves, quartier des anciens artistes marseillais

L’actuelle Place d’Estienne d’Orves présente un visage festif tourné vers la restauration.
Mais, ce n’a pas toujours été le cas et nous remonterons le temps, car, depuis la fin du XIXème siècle, dans l’ancien quartier du canal de la Douane, de vastes locaux, hérités des siècles précédents, étaient occupés par une grande partie de la bohème marseillaise, peintres, sculpteurs, graveurs, journalistes, éditeurs, galeristes, relieurs, imprimeurs…. 
Deux grands quotidiens régionaux y sont installés.

Des journalistes et des artistes ont coutume de s'y retrouver : Casile, Seyssaud, Dellepiane, Pacsin, Kisling, Valère Bernard... très souvent noctambules.
Puis, dans la période très riche des années 30, on assiste à la création des Cahiers du Sud, de Jean Ballard et Marcel Pagnol, et du côté des bars, "Le Péano" fourmille de jeunes talents, peintres, sculpteurs, poètes, écrivains, etc. 
A la façon du Café de Flore à Paris, Le Péano était l’endroit des retrouvailles, des arts, de l’amitié, de la tolérance et du partage. Un endroit pour ceux de la Bohème qui, pour la plupart vivaient tant bien que mal de leur talent.
Le canal de la douane est comblé et le quai éponyme devient cours du Vieux-Port. On croise alors, dans ce quartier, les peintres Antoine Serra, très engagé au Parti communiste, Pierre Ambrogiani, le "Daumier facteur", qui brosse ses premières toiles, François Diana, le graveur Léon Canedel et même le "montparno" Kisling.

 
Tout ce petit monde artistique est dispersé par le conflit mondial et ses retombées : Kisling part aux Etats-Unis, Antoine Serra est pourchassé par la police de Vichy et les occupants allemands. 
En 1944, on retrouve l’air vivifiant de la liberté et le Vieux-Port se met aussi à revivre. Au Péano, une nouvelle génération bohème s’installe, dont font partie de nouveau Pierre Ambrogiani, Antoine Ferrari, Auguste Chabaud, Louis Toncini... Ce lieu, qui devint une galerie permanente, a permis l’éclosion d’une véritable école de peintres provençaux, dont la notoriété a largement dépassé la Provence, célèbre pour la lumière et la violence des couleurs. Et les célébrités de l’époque passèrent toutes dans ce bistrot : Picasso, César, Edith Piaf, Yves Montand…
Dans les années 1960, le cours est défiguré par la construction d’un parking aérien, ce qui mettra un terme au mythe du Péano, que l’on retrouvera dans les romans de Jean Claude Izzo, un bar où il avait ses habitudes.

Après avoir évoqué les maisons d’édition, les galeries et les artistes, Sylvie vous a organisé une visite/échange dans l’atelier d’une artiste illustratrice, Malika Moine.
https://www.malikamoine.org
Cette artiste adore croquer la ville de Marseille et produit des livres, calendriers, carnets, cartes postales, affiches …
Dans son atelier, situé dans les anciens bâtiments des galères, elle vous accueillera afin de vous présenter son travail et ses techniques.