La mairie du 6ème et 8ème arrondissements propose à nos membres cette visite commentée de l'exposition Privatopia, consacrée au phénomène des enclaves résidentielles à Marseille, notamment dans les quartiers Sud.
La visite sera animée par Elisabeth Fossati en prendra environ deux heures.
Soyez bien ponctuels et n'annulez pas au dernier moment car nous ne disposons que de 10 places !

Privatopia, une utopie du privé ?

La fermeture des espaces crée des paradis artificiels, auxquels la majorité n’a pas accès.
Le phénomène n’est ni nouveau ni spécifique aux 6ème et 8ème arrondissements même s’il y est encore plus marquant.
Dès le 19ème siècle, la colline Périer est captée par les grandes propriétés des patrons d’industries et de finance (à l’image de Paulin Talabot), qui cloisonnent les paysages.
Giono en parlait aussi en 1947 dans "Noé" en se moquant de quelques-uns qui se construisent des châteaux, des vraies fausses ruines et des jardins de rêve sur la colline qu'ils quadrillent de murs.

Puis les bastides ont laissé place aux résidences, accentuant le morcellement.
Au début, elle n’étaient pas systématiquement impénétrables mais ça n’a pas duré.
La question fondamentale reste : pourquoi a-t-on décidé de fermer de plus en plus les résidences par des grilles, des hauts murs ?
On pourrait se dire que c’est à cause d’un péril imminent... ce qui n’est pas le cas.

C’est plutôt à cause d’un danger supposé : cambriolages, agressions, dégradations.
Les chiffres ne sont pourtant pas parlants : il n’y a pas sensiblement beaucoup plus de délinquances dans des rues ouvertes que dans des rues fermées.
Car la fermeture peut aussi conduire à l’envie de transgresser l’interdit : qui dit interdit dit précieux, dit richesses, dit oasis à partager.
De ce fait, est-ce que le cloisonnement n’induit pas plus de problèmes qu’il n’est censé en résoudre ? En particulier pour ceux qui ne peuvent plus traverser librement l’espace.

Des fois, aller à l’école devient un parcours du combattant : 5 min chrono avant, 20 min ensuite en faisant des détours et des contours, sans parler de l’énervement induit par les bouchons...
Pour d’autres, la balade dans le quarter devient impossible car les accès n’existent plus.
Pour les joggeurs, il vaut mieux bien préparer son itinéraire !
Cela pose aussi des questions philosophiques... et d’urbanisme : voulons-nous vivre dans un monde ouvert ou contrôlé ?
Quel est le lien entre fermeture physique et repli sur soi ?
Comment fluidifier l’espace en conservant des chemins de traverse ?

Comment penser la mobilité dans la ville ?
Est-ce nécessaire de fermer pour protéger ?
La solution paradoxale d’une ouverture totale est-elle raisonnable ?
A travers les œuvres d’Anke Doberauer participant au dispositif art-science de l’université Aix- Marseille et de la Maison de l’architecture, vous comprendrez comment la géographie et l’histoire ont modelé les quartiers Sud de Marseille, comment les domaines bastidaires ont perdu du terrain pour aboutir à un morcellement de l’espace et à la construction de résidences.
Avec une poésie naturaliste, des détails saisis sur le vif du pinceau, une précision de la lumière, des formats panoramiques s’étirant au-delà du regard, l’artiste a peint la beauté de ces résidences et de ces voies... seul un détail rompt l’harmonie : les grilles qui fracturent le champ de vision.

Cédric Jouve
Adjoint aux Arts & aux Cultures

Plus d'informations :
https://urbanicites.hypotheses.org/marseille-privatopia
Voir le dossier de presse de l'exposition.